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Rencontre avec Anita, travailleuse sociale, responsable de la Pension de famille Lou Récantou à Marguerittes (30).

Gard 4

Marguerittes, une commune de 8600 habitants située à une quinzaine de kilomètres de Nîmes. La pension de famille, qui fêtera ses 10 ans cette année, accueille 11 femmes et 11 hommes, âgés de 36 à 66 ans.

Bonjour Anita, comment traversez-vous cette période de confinement ?

Le mardi 16 mars, la nouvelle tombe « confinement ». Pour nos résidents, cela veut dire fin des sorties, des ballades, des ateliers, des repas collectifs…tout ce qui fait la richesse de la vie en pension de famille. Pas facile de comprendre tout ce qui se passe et d’accepter.
A la fin de la réunion dans le jardin, beaucoup d’inquiétudes et de questionnements « Comment va-t-on occuper cette période ? » la peur de la maladie se profile.

Dans l’ensemble on peut dire que cela se passe plutôt bien…même si à mesure des jours, la situation se tend parfois, disputes pour des broutilles, problèmes d’addiction, coup de blues … Souvent une conversation téléphonique suffit à calmer le jeu, et s’il le faut je me rends sur la structure. Sur la durée, je crains que ce ne soit de plus en plus difficile, surtout moralement.

Comment les résidents vivent-ils cet isolement ?

Quelques résidents m’ont confié que pour eux, ça ne changeait pas grand-chose car ils se rendaient compte qu’ils vivaient déjà en sorte comme en confinement. Pour eux, c’est une réelle prise de conscience de leur mode de vie.
Pour les autres évidemment c’est difficile et il a fallu répéter plusieurs fois les consignes. Dur de ne pas sortir !
Le soleil est bien présent dans le Gard, et c’est une énorme chance car les résidents peuvent se trouver dans le jardin. Ils jouent aux boules, au molky. Des DVD, des livres, du matériel créatif ont également été mis à disposition. Nos tricoteuses ne lâchent pas l’affaire pour mener à bien notre opération tricot annuel pour le Samu Social. Les hommes ont désherbé le jardin. Un petit groupe s’est mis à tisser des bracelets brésiliens… Chacun essaie de s’occuper au mieux.

De quelle manière maintenez-vous le contact à distance ?

L’après-midi même de l’annonce du confinement, j’ai mis en place un groupe sur Facebook. C’est devenu à la fois notre lieu de récréation, notre défouloir avec tout un tas de blagues. C’est également un moyen de communication facile, ludique et pour moi, c’est aussi un peu le baromètre de l’état d’esprit de mon groupe. Je peux aussi faire passer des consignes (Covid, fonctionnement, rappel du cadre), des liens pratiques (petit bambou, tuto de yoga, de gym, visites virtuelles de musées, jeux en ligne…), des bons tuyaux (livraison de produits frais par les producteurs par exemple). On se lance des défis photographiques, des concours. Je fais quotidiennement le point avec mon bénévole référent qui m’offre son écoute bienveillante et son soutien.

Chaque jour on échange aussi par téléphone, par sms. Je reste joignable 24H/24H et je peux joindre les médecins traitants, à n’importe quel moment, c’est rassurant pour notre public qui reste très fragile.

Et concrètement, les résidents sont-ils accompagnés dans leur quotidien ?

Un accord a été pris avec l’entreprise de VSL avec qui nous travaillons, pour accompagner les résidents aux courses si besoin. Je fais le point régulièrement avec les infirmiers libéraux, et les aides ménagères qui interviennent sur la structure. Un super travail de réseau, qui s’est encore renforcé pour faire face à cette situation hors de commun. Je leur en suis infiniment reconnaissante.

La semaine dernière, j’ai fait livrer à chaque résident, une barquette de fraises…juste un petit geste.
Ce qui les a beaucoup touchés… c’est qu’on ait pensé à eux. J’essaie d’être présente différemment.

Je me rends au minima une fois par semaine sur le site, à chaque fois, c’est un grand moment de plaisir, d’échanges et de retrouvailles.

Quel est le dispositif prévu si des cas de Coronavirus se déclaraient parmi les résidents ?

J’ai demandé aux résidents de m’avertir aux moindres signes pouvant faire penser à la maladie. Et chaque jour lors de mes appels téléphoniques, je fais un petit point santé. J’ai laissé à disposition un thermomètre frontal. En cas de suspicion, j’appelle les médecins qui organisent rapidement une téléconsultation. En cas de contagion, le malade serait confiné dans son logement avec une surveillance adaptée. Je ferais alors intervenir la cellule de crise Covid de l’hôpital pour tester l’ensemble des résidents afin de pouvoir isoler ceux qui seraient positifs. On croise le doigts…