Augmentation de capital : INVESTISSEZ SOLIDAIRE pour un fort impact social !
Publié le 10 novembre 2021
Sofia a quarante ans et vit avec sa mère et ses deux filles. Après pas mal d’errances, elle a trouvé un toit en dehors de la métropole voisine où elle travaille à temps partiel. Elle mobilise les prestations sociales disponibles, mais cela ne suffit pas, ajoutées à son salaire, à permettre de chauffer la maison qu’elle occupe : l’habitude est prise, on isole comme on peut les portes qui laissent passer l’air, on met une polaire l’essentiel du temps, on vit près du coin-cuisine où la cuisson des repas produit un peu de chaleur.
Myriam, la mère de Sofia, n’en finit pas de tousser : elle a beau consulter les médecins, personne ne comprend ce qu’elle a, parce qu’elle ne fume pas et a une hygiène de vie convenable : qui aura l’idée de l’interroger sur ses conditions d’habitat, l’humidité permanente de la maison, faute de chauffage, suscitant des pathologies du bâtiment qui provoque ses troubles pulmonaires ?
Pas bien différente est la situation de Julie, la deuxième fille de Sofia, qui enchaine les bronchiolites, ce qui la condamne trop souvent à être refusée à la crèche.
Quant à Sonia, l’ainée, sa mère s’inquiète de ce qu’elle ne semble pas se faire des amies à l’école : voilà deux ans qu’elle ne veut pas organiser de goûter d’anniversaire à la maison, elle n’y invite jamais une copine, et en conséquence, est rarement invitée ailleurs. L’explication est simple : elle a honte de faire voir son logement humide où il fait froid.
Ce tableau n’a rien d’excessif. Au contraire, il donne à la précarité énergétique son vrai visage : au-delà de sa dimension économique portée par Sofia, ce sont les questions de santé qui émergent au premier plan, d’ordre physique pour Myriam et Julie, d’ordre psychique pour Sonia. Dans notre lutte collective contre la précarité énergétique, il nous faut dans le même temps prendre soin du logement à rénover et de ses occupants à traiter.
Pour cela, trois orientations s’imposent : d’abord accompagner les ménages fragiles dans leur parcours de logement en évitant de les embarquer dans une passoire thermique : il faut prêter attention au montant du loyer autant qu’à celui des charges locatives ; ensuite sensibiliser le système de santé à l’interaction évidente entre le mauvais état des logements et les pathologies des occupants : comme leurs confrères anglais, les médecins français devraient être incitateurs des rénovations ; enfin, rénover à grande échelle les logements du parc locatif privé qui sont indispensables pour loger les plus fragiles d’entre nous : pour cela, il nous faut accompagner les bailleurs dans cette action désormais impérieuse, puisque la loi chassera bientôt de leur parc les logements trop énergivores.